Fatigue

Fatigue

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Vague à l'âme

15 Oct 20

Nous étions très fatigués, n'ayant plus ni même le goût des bonnes choses, chacun s’était abîmé dans ses pensées torturées. De nombreuses contrariétés, bouleversements et responsabilités avaient brouillé nos routes. Beaucoup de portes s’étaient fermées et l'horizon vers une nouvelle voie était trouble. L'éclat de nos regards s’était enfoncé dans nos yeux, nous n'arrivions plus à sourire, nous avions perdu notre envie de mordre la vie.
Nous avons quand même décidé d'y aller.
Nous savions que c’était en puisant dans quelque chose de plus grand que nous, quelque chose de plus vivant que notre élan brisé, que nous retrouverions notre énergie. Nous sommes descendus dans la crique tempérée par le timide et humide soleil d'automne. C'était un tout petit endroit. Pas plus de vingt mètres de large. Juste de la place pour toi et moi, et le monde. Nous avons marché tranquillement vers le rivage, et nous avons enlevé nos vêtements avec des gestes las, les laissant tomber là, en vrac, à l'envers, cela n'avait pas d'importance. Lorsque nous avons découvert notre peau au soleil et au vent frais, elle s'est contractée, puis détendue. Elle a commencé à communiquer avec les éléments.

Nous nous sommes couchés chacun de notre côté sur les cailloux chauds, sensibles à leur empreinte sur notre dos. Reprendre le contact. Je ne me souviens pas combien de temps nous sommes restés comme ça. Nous étions hors du temps. Pas de début ni de fin. C'était un moment avec toutes les profondeurs du monde, dans lequel toute la nature s'était réunie pour réinjecter de la vie dans nos corps : le soleil pénétrait notre peau, le vent nous caressait doucement, la mer nous chantait à l'oreille, et nous nous sommes délestés de toutes nos peines, de toute notre lourdeur. Je pense que j'ai pleuré. Lâchant, me reposant, envahie de gratitude.

Petit à petit, la vie reprit son chemin dans nos corps.
Petit à petit, nous avons pu ressentir à nouveau cette vibration.
Petit à petit nous nous emmêlions à nouveau au dessus de nos corps.

Petit à petit et sans bouger nous pouvions remarquer nos désirs reprendre sur nous leur emprise. Je pouvais sentir l’odeur de ta peau distillée par le soleil, deviner ce picotement sur mes lèvres alors qu'elles désiraient son contact. Je goûtais la sensualité qui réveillait mon corps. J'eu besoin de bouger, de commencer à danser sur cette vie. Mais je restai là, allongée à côté de toi, notant comment notre érotisme circulait et grandissait, avec seulement de petits mouvements dans mon corps qui accueillait ces délicieuses perceptions...
Malgré ce sentiment de plus en plus acéré, je choisis l’indolence. Je laissai cette sensation s'emparer de moi toute entière. M'enivrer : les picotements, l'abondance, les fourmillements m'envahirent, jusqu'à ce que ma peau se hérisse, jusqu'à ce que je sente mes lèvres enfler, réclamant le contact, un toucher, des caresses. Je m'ouvris, je devins flux, fluidité, fluides, avide. Je sentais ta main proche de la mienne. À seulement quelques centimètres je pourrais t'atteindre et arriver à mélanger ta vibration avec la mienne, renforçant ce désir. Mais plus j'attendais, plus il me possédait. Déjà, les yeux fermés caressés par la brise et le doux soleil, je pouvais imaginer tes doigts effleurant l'intérieur de ma cuisse, de mes lèvres impatientes.

Je sentis ton regard lécher mes courbes, comme une caresse pulpeuse, gracieuse et ferme à la fois. J'eu l'impression que tu t'étais levé et que tu t'étais assis à côté de moi. Une chanson douce qui hantait mes sens. Tu te glissa sur moi et tu t'assis sur mon ventre. Je sentis ton poids et ta chaleur qui m'envoûtaient. Tu maintins serrées tes jambes le long de mes hanches, m’arrimant à toi.
Et je restais là sous toi, vibrante, recevant ton offrande, attendant ton prochain geste, fébrile, prête, offerte.

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