Intimité

Intimité

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Amour, PhiloSex

22 Feb 21

Quand je me rapproche de toi, je suis attirée vers ton essence, ton plus intime. Je voudrais te pénétrer pour atteindre le coeur de ton être…
Parfois dans un ébat éperdu je te touche, puis sitôt tu te rhabilles, comme un mètre qui se rembobine, un escargot qui rentre dans sa coquille. Au revoir. On se tient au courant. Et je reste là béante. Et toi tu as tout remballé : tes caresses, tes regards, tes baisers qui malgré toi s’étaient échappés. Tu t’es renroulé dans cet habitat où il n’y a que toi. Avec ton intimité tout au fond.
Qu’est-ce que l’intimité ?
Le Larousse nous dit que l’intime est ce ”qui est au plus profond de quelqu'un, de quelque chose, qui constitue l'essence de quelque chose et reste généralement caché, secret.”
Mais pourquoi cette essence doit-elle rester cachée et secrète ? Pourquoi est-il si difficile de laisser à l’intimité la possibilité de s’exprimer ?
Elle est pourtant la source même, l’essence la plus pure de notre être, la vérité, elle porte toute son intensité.

Qu’est-ce qui est intime ?
La tendresse, les caresses sont intimes.
S’ouvrir à ses émotions, ou à celles de l’autre c’est intime.
La musique est intime quand on la laisse nous pénétrer et qu’elle nous remue, qu’elle nous touche.
Quand on se laisse pénétrer, on s’ouvre à l’intime.
On se laisse être intime et la communication devient authentique, quand on tombe le masque, quand on s’abandonne, quand on abandonne les apparences, son personnage.
Il y a aussi l’intimité physique, celle que la pudeur délimite. Peut-on accéder à l’intimité émotionnelle par l’intimité physique ? Essayer de conquérir l’intimité par le sexe. Un corps mis à nu, des caresses qui s’expriment par les mains, la peau. Se prendre dans les bras, et serrer fort. Sentir l’abandon et la confiance. Le sexe a l’air intime, mais pas toujours. On peut aussi se limiter à ressentir le plaisir en marge des émotions. Ou se laisser déborder par l’intimité pendant l’acte et vite tout remballer après. Mais quand l’intimité physique s’accorde avec l’intimité émotionnelle, alors c’est l’extase.

Contre l’intimité
Tout est bon pour s’en écarter : la suractivité, les faux amours, les faux amis. Les préoccupations sont autant de facteurs qui nous écartent de l’intimité, qui permettent de l’éviter.
Pourquoi ferme-t-on la porte à l’intimité ?
On retient ses sentiments, on se retient de dire “je t’aime”. On ne se livre qu’en pleine confiance. Comme si l’autre nous volerait quelque chose. La timidité, la peur d’être jugé ou évalué rend difficile l’accès à l’intimité, la sienne et celle de l’autre. La difficulté d’être intime est-elle relative à un manque d’estime de soi, une remise en cause de notre valeur intrinsèque ? Parfois elle trouve aussi sa source dans un blocage émotionnel : les blessures, la souffrance, les “plus jamais” nous poussent à nous protéger. Mais seulement voilà : ça nous protège de tout, à la fois du coup qui nous a blessé jusqu’à l’intime, mais aussi du bonheur qui l’a fait vibrer. Se protéger nous maintient malheureusement loin de l’intensité de l’exquis.
On peut de même sciemment cultiver la distance à laquelle on maintient l’intimité : l’avancée vers l’intime est comme une aventure sur un chemin escarpé. Ça peut être grisant, on se sent enivré du danger qui guette, celui de se mettre à nu.
Être intime n’est pas être transparent : on peut décider de ne pas partager une part de notre intimité, un jardin secret, parce qu’on touche à des sujets sensibles, des valeurs de vie essentielles qui seraient trop différentes pour l’un et l’autre. Échanger sur ce terrain là serait non pertinent. Ces intimités ne sont pas concordantes.

Intime avec moi-même ?
Être intime avec soi-même c’est se regarder les émotions en face, avec simplicité et honnêteté, à coeur ouvert. Speak your heart. Open up.
Suis-je intime avec moi-même ? Est-ce que je m’écoute ? Est-ce que je parle en tant que qui je suis ? Est-ce que je suis en phase avec le personnage que je crois être ?
Jusqu’à il y a peu, je pensais que mes idées sur le couple faisaient partie de mon intimité et il m’était difficile de les partager. C’est de moins en moins le cas. Je m’ouvre à présent assez facilement sur le sujet avec des personnes avec qui je n’aurais pas osé auparavant, sans doute parce que peu à peu je les assume.
Autrement dit, si certains sujets me “travaillent” ou me bousculent, si je ne suis pas sûre de pouvoir les partager parce qu’ils me semblent trop intimes, c’est que je ne les ai pas acceptés pleinement. Donc si quelque chose ou quelqu’un me touche, me trouble, c’est qu’il y a un chemin intérieur que je dois parcourir pour que ces choses ou ces idées deviennent neutres, puis “ouvrables”. Le fait que l’autre chamboule mon intérieur n’a rien à voir avec lui. Ça a quelque chose à voir avec moi-même. Quand je ne suis pas prête à montrer quelque chose au grand jour, c’est intime. C’est quelque chose que je n’ai pas encore “établi” en dehors de ma réalité, je n’en ai pas encore fait ma réalité, donc je le dis intime.
L’intime c’est ce que je n’ai pas encore assumé.

Et intime avec l’autre ?
Inversement, pour que l’autre m’interpelle et fasse de notre rencontre un catalyseur il faut que je le laisse accéder à mon intimité. C’est l’art de la rencontre. Pour que ça fasse bouger des choses en moi il faut que je me démasque, que je m’ouvre à mon essence, que j’invite l’autre à l’intérieur en acceptant ses cadeaux, aussi troublants soient-ils. Cette invitation, de l’autre à l’intérieur, c’est une invitation à communier.

Faut qu’on parle.
Je n’ai pas envie de parler de la pluie et du beau temps et de ton travail et de tes parents. J’ai envie de t’écouter vibrer, j’ai envie de savoir ce qui t’enjoue et ce qui te rend triste, ce qui t’inquiète et ce qui te fait frémir.
Ouvre-moi ton intime pour me recevoir chez toi ; j’ouvre le mien et laissons-nous enivrer par le partage de nos profondeurs.

L’intimité c'est cette fissure par laquelle je voudrais m'immiscer en vous et vous toucher, vous émouvoir, vous remuer et bousculer vos idées, pour atteindre votre essence...

Touché ?


Ils en parlent :

Honesty - Billy Joel

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